Tentatives de putschs : Faut-il en rire ou en pleurer

Tentatives de putschs : Faut-il en rire ou en pleurer ?

Le weekend du 14 janvier 2024 a été marqué par des arrestations de militaires et civils à Ouagadougou, au motif qu’ils fomentaient un coup d’Etat contre les autorités de la Transition. Quatre officiers ont, de ce fait, été mis aux arrêts. Dans le lot, l’ex-patron de la Gendarmerie nationale, le Lt-Colonel Evrard Somda, dont certains de ses éléments soupçonnés d’implication dans un putsch déjoué en octobre derniers avaient été arrêtés, et des civils.

Une fois de plus, le pouvoir du capitaine Traoré déjoue des tentatives de putschs, sans que la justice ne situe l’opinion nationale jusqu’au bout, sur le dénouement final des choses. Les faits sont pourtant suffisamment graves pour ne pas retenir l’opinion nationale et internationale, le caractère répétitif de ces atteintes à la sûreté de l’Etat ajoutant des éléments supplémentaires de surchauffe des opinions. En effet, le pouvoir de la Transition, même portée par une fraction très importante du peuple, pour ne pas dire la majorité, même en l’absence d’études ou de sondage pour l’attester, ne doit pas se satisfaire de la sympathie populaire pour ne pas éclairer l’opinion sur la suite des allégations de tentatives de déstabilisation du pouvoir ou du pays.

Les mêmes limiers qui ont su remonter les renseignements ayant décelé les préparatifs des putschs devraient aider la justice du pays, même militaire, à faire la lumière sur ces actes de sédition, ces troubles graves, à leur appliquer la thérapie qui sied pour, non seulement convaincre surtout les plus sceptiques parmi les Burkinabè de la véracité et de la preuve des accusations, mais surtout couper court à cette contre rumeur qui présenterait les tenants actuels du pouvoir d’Etat comme des gens en manque de légitimité, apeurés à excès, qui voient le diable partout autour. Cela d’autant plus que, dans le contexte de pays en guerre contre le terrorisme qu’est celui du Burkina, et dans un environnement sous régional ou international peu favorable à la marche imprimée par le pouvoir du capitaine, les Burkinabè ont beaucoup plus besoin de s’accorder et de s’unir autour des valeurs de patriotisme, de souveraineté et de sauvegarde de la nation en proie au péril terroriste.En outre, il est évident qu’en temps de guerre, la sécurité du pays est plus importante que la défense des droits d’un groupe d’individus ou d’une minorité, ce qui justifie d’ailleurs cette somme de restrictions de certaines libertés civiles, pendant que nos FDS et nos VDP risquent chaque jour leurs vies sur les théâtres des opérations pour que la nation vive.

Mais, cela implique justement que, face à des accusations aussi graves que sont l’atteinte à la sûreté de l’Etat, l’assistance aux ennemis de la nation et, plus précisément, le fait de vouloir mettre un coup d’arrêt la Transition actuelle, il faut impérativement faire dans la transparence pour ne pas donner l’impression de faire des règlements de compte entre factions antagonistes pour des intérêts partisans et, de ce fait, mettre en péril la vie de citoyens et celle de leurs familles, sur fond de suspicions ou d’accusation, sans la moindre preuve. Un tel style de gouvernance, en plus de créer la fracture sociale, pourrait programmer sans le vouloir des crises sociopolitiques à moyen ou long terme et saperait le sentiment patriotique chez les citoyens, compromettant du même coup l’élan national de souveraineté à construire. Par ailleurs, la crise de la sécurité a révélé aux yeux du monde entier, à commencer par le peuple burkinabè, que c’est sous le capitaine Traoré que l’armée nationale s’est véritablement structurée pour assurer ses missions régaliennes de défense, de sauvegarde de la patrie.

Et sa structuration continue au fur et à mesure que la guerre pour la sauvegarde de la patrie se poursuit. Cette armée nation, espoir du peuple burkinabè qui est jaloux de sa souveraineté doit travailler à mieux asseoir la cohésion en son sein, en y garantissant la justice et la discipline, pour réussir sa métamorphose et la rendre professionnelle, patriotique et républicaine. Cela est l’un des immenses chantiers que la Transition devra réussir, impérativement. C’est à ce prix qu’elle marquera le nouveau départ de la révolution au Burkina. La fin des annonces de putschs manqués sans suite judiciaire Une révolution qui doit secréter des institutions fortes et républicaines, indépendantes dans un pays où nul citoyen ne doit craindre pour ses droits et ses devoirs, où l’on se tournerait par réflexe vers la Justice pour faire valoir ou respecter ses droits. Une telle ambition, une telle vision commande que la Transition œuvre et rassure le peuple que l’armée est un haut lieu de l’exercice des droits et des devoirs, de la justice. C’est pourquoi, cette récente tentative de déstabilisation annoncée devrait marquer la fin des annonces non suivies d’actes concrets sur le plan judiciaire. Ne serait-ce que pour l’harmonie des esprits et des cœurs, la Transition doit donner une suite judiciaire aux accusations et se poser en vrai garant de la souveraineté du peuple, dans le chemin du droit et de la justice en toute transparence.

Il y va de l’avenir de la nation et de sa souveraineté et des chances de la révolution en cours. En attendant les yeux sont rivés sur le capitaine à bord, pour éclairer l’opinion publique sur la réalité des accusations de coup d’Etat contre la transition : stratégie de victimisation ou réalité tangible ? Wait and see.

La rédaction