Bilan du service économique régional d’Abuja : Le Nigeria perd sa première place

Avec les contributions de l’antenne de Lagos et du service économique d’Accra, le Service économique régional d’Abuja (SER) a publié le premier numéro de son Bulletin économique de l’Afrique de l’Ouest.  Une publication régulière sur l’actualité économique franco-nigériane et sur les activités dans le pays. Ses analyses se basent sur le rôle de la CEDEAO, les projets d’infrastructures régionales et la proximité des modèles et défis économiques.

Selon le classement du Service économique régional, le Nigeria est passé de la 1ère à la 4ème place parmi les économies africaines et devrait y rester au moins jusqu’en 2029. En effet, les perspectives de l’économie mondiale du FMI estiment le produit intérieur brut (PIB) du Nigeria à 253 Md USD en 2024 (soit -26,9% en deux ans en dollars courants). L’Algérie suit avec 267 Md USD, puis l’Égypte avec 348 Md USD et enfin l’Afrique du Sud avec 373 Md USD, selon le bilan du SER. Il note la dégradation de la situation au Nigeria en raison de l’inflation et de la chute du Naira sur le marché des changes. Le rapport fait cas aussi d’une chute de près de 40% de la valeur du livre en Égypte par rapport au dollar le mois dernier, parce qu’il a laissé flotter sa monnaie.

Par contre, la valeur du rand sud-africain est restée stable. Il n’a perdu que 4% de sa valeur  par rapport au dollar cette année, indique le SER d’Abuja. L’Algérie, quant à elle, membre de l’OPEP+, a bénéficié des prix élevés du pétrole et du gaz provoqués d’abord par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, puis par les tensions au Moyen-Orient. Le FMI a toutefois relevé ses perspectives de croissance pour le Nigeria en 2024. Ainsi, le Fond table sur 3,3% contre 3,0 % auparavant, peut-on lire dans le rapport du SER. Le naira s’apprécie donc de 34,0 % ces deux derniers mois, tandis que les réserves en devises diminuent de 6,7% en un mois pour atteindre 32, 1 Md USD.

Toutefois, le cours du naira a nettement repris ces derniers jours (environ 1 150 NGN pour 1 USD au marché officiel, contre 1600 courant mars). En plus de l’anticipation d’un resserrement monétaire, le SER estime qu’il faut sans doute y voir l’effet de l’unification des guichets de change et du règlement des arriérés par la CBN, ainsi que la mise à disposition de 20 000 USD par bureau de change agréé, accessibles au prix administré (1300 NGN par USD). Ces efforts en faveur du naira sont contemporains d’une diminution importante des reserves en devise (-7,3 Md USD ces douze derniers mois pour atteindre 31,3 Md USD à la mi-avril, environ cinq mois d’importations). 

Selon le directeur général de l’Autorité portuaire nigériane (NPA), Mohammed Bello-Koko, la NPA devrait recevoir un prêt d’un montant de 700 M USD de Citibank, financé par le UK Export Finance (UKEF) qui servira à la rénovation des ports d’Apapa et de Tincan Island dans l’État de Lagos. Un prêt devant permettre aussi la réhabilitation des mûrs de quai des deux ports et plusieurs infrastructures, et approfondir le tirant d’eau à 16,5 mètres afin d’accueillir le plus gros navire. D’après le service d’économie régional d’Abuja, le projet ne pourra être validé qu’après l’approbation du ministre de la Marine et de l’économie bleue ainsi que du ministre des finances et du bureau de la gestion de la dette (DMO).

Bilan du service économique régionale d’Abuja : Le Nigeria perd sa première place Réhabilitation en perspective des ports de Calabar et d’Onne au Sud-Est nigerian

Le directeur de la NAPA a annoncé d’autres discussions sur le point d‘aboutir avec des agences multilatérales pour financer la réhabilitation des ports de Calabar et d’Onne dans le Sud-Est du Nigeria. Mohammed Bello-Koko avait annoncé la réhabilitation des ports nigérians au cours du premier trimestre 2024, afin de renforcer la compétitivité commerciale du pays dans la région. En outre, le bilan du SER rapporte que l’entreprise Heineken annonce la suspension temporaire de deux de ses sites de production au Nigeria et la mise en congé de certains employés.

En fait, Nigérian Breweries a ajusté ses prix à trois reprises depuis le début de l’année, mais ces mesures n’ont pas été suffisantes pour compenser les défis économiques persistants, selon le SER. Parmi ces défis, la dévaluation du naira qui a considérablement alourdi les charges d’exploitation, notamment en ce qui concerne l’importation des matières premières. De plus, l’augmentation de l’inflation à 33,2% en mars, ont contraint les consommateurs nigérians à ajuster leurs priorités de dépenses en fonction de leur pouvoir d’achat.

Au Ghana, le bilan du Service économique régional indique que le versement de la troisième tranche du FMI est conditionné par un accord avec ses créanciers bilatéraux, tandis que les négociations pour la destruction de la dette privée continuent. La seconde revue de programme de la FMI a débouché sur un accord au niveau des équipes. Elle sera portée au Conseil d’administration du FMI pour validation et versement de la troisième tranche d’un montant de 360 M USD pour faciliter l’élargissement de crédit, prévue en juin. Un versement conditionné à l’aboutissement d’un accord, sur la restructuration de la dette bilatérale du Ghana, engagée avec le club de Paris dans l’objectif du Cadre commun, conformément aux principes convenus en janvier 2024, nous apprend le SER. 

La plupart des objectifs quantitatifs ont été atteints et les principales réformes structurelles mises en œuvre. Notamment, dans le secteur du cacao et de l’Energie, annonce le SER qui cite le FMI. Ce dernier estimait que la stabilisation macroéconomique du pays est en bonne voie avec une croissance économique de   1,5% pour 2023 qui a atteint 2, 9%, grâce au secteur des services. Quant aux projections de croissance économique, elles s’élèvent à 2,8% en 2024 et 4,4% en 2025. En ce qui concerne la dette externe, le SER rapporte que le Ghana n’a pas réussi à conclure l’accord avec les détenteurs d’obligations internationales pour restructurer 13 Md USD.

Alors, le gouvernement et l’autorité fiscale du Ghana (GRA) ont l’intention de mettre en place des mesures pour les taxes sur les revenus étrangers des résidents ghanéens. Une décision qui vise à pallier le manque à gagner, estimé à 1,8 Md GHS. Cette taxe, était déjà prévue par la législation ghanéenne mais peu appliquée par le passé. Elle s’applique aux Ghanéens résident dans le pays pendant 183 jours ou plus, et qui obtiennent des revenus à l’étranger.

Elle vise aussi à établir un taux progressif allant de 0 à 35%, avec une exonération pour les revenus annuels inferieurs à 5580 GHS (415 USD) et un taux maximal de 35% pour les revenus supérieurs à 600 000 GHS (44 500 USD). La GRA incite dès lors les contribuables à déclarer volontairement leurs revenus étrangers dans les trois mois suivant le 1er mai pour bénéficier d’une exonération des intérêts sur leurs comptes étrangers.

Rose Marie SEGRADO

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